L'équipe de la rédaction

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Etudiants EMLV MRH promotion 2015

lundi 1 décembre 2014

Conférence de la MGRH chez Google France, le 21/10/2014


Dans le cadre d’un de nos sujets étudiés en cours, nous nous sommes rendus le 21 octobre dernier à une conférence organisée par la MGRH au siège de Google France à Paris, où la problématique de l’emploi en France a été au cœur de tous les débats entre des nombreux directeurs des Ressources Humaines présents ce jour-là.
Francis BERGERON, DRH du groupe SGS France, Jean Pascal DUSSART, DRH de Vinci construction France, Antoine MORGAUT, CEO Europe du cabinet Robert Walters et Christian METTOT, DRH de Radio France, ont animés ce débat en nous exposant leurs points de vue sur la situation actuelle en ce qui concerne le droit du travail et les freins que peuvent constituer l’embauche en France.
Tout au long du débat, de nombreux points ont été soulevés et constituent pour les DRH français des obstacles importants dans leur politique de recrutement. De nos jours,  l’embauche est considérée comme un élément stratégique et très coûteux pour les entreprises. D’une part, les contraintes juridiques sont trop importantes (surtaxe sur les CDD de moins de 3 mois, les temps partiels de moins de 24h ou encore les contrats de génération) et d’autre part, les signaux négatifs impliquent trop de risques au regard de l’employeur. Une véritable « peur de l’embauche » s’installe. Contracter un nouveau salarié est aussi synonyme d’insécurité pour les Ressources Humaines car il faut vérifier pour chacun que tout est en ordre et conforme aux lois et règles définies par le droit du travail français. Le télétravail constitue un exemple flagrant de ce que les DRH ont pu exprimer ce jour-là. En effet, c’est une source d’insécurité d’autant plus grande pour l’employeur que le RH doit vérifier la conformité des conditions de travail du salarié (environnement, chaise de travail, bureau, luminosité, installations électriques, etc.) pour minimiser les risques liés aux accidents du travail qui pourraient représenter un coût supplémentaire important pour l’entreprise, voire la contraindre en responsabilité pénale. Les quatre animateurs du débat ont également constaté en France une complexification des contrats de travail avec l’exemple très souvent repris du contrat de génération qui représente plus un frein qu’une aide à l’embauche tel qu’il est définit dans la législation.  
Enfin, la thématique la plus reprise lors de cette conférence et qui semble avoir un impact déterminant pour les DRH dans leurs actions est celle du dialogue social. Selon Jean-Pascal DUSSART, il semble difficile aujourd’hui d’aborder des stratégies sur les deux ou trois années à venir avec les partenaires sociaux car la France vit, à l’opposé de son voisin allemand où les syndicats privilégient le dialogue et la cohabitation avec les dirigeants, dans une culture du conflit et de la contestation. Il ajoute à cela qu’il parait difficilement possible de faire un virage à 180° en France lorsqu’une loi a été votée, ce qui augmente la difficulté de ce dialogue social, pourtant indispensable au développement de l’entreprise et de ses salariés.

Quelles solutions possibles à ces problématiques qui découragent les employeurs à embaucher ?

Francis Bergeron, DRH du groupe SGS (qui embauche environ 500 personnes chaque année), a fait paraitre en août 2014 un article dans Les Echos sur des pistes possibles qui permettraient d’assouplir le Code du Travail. Dans son article, il propose 5 mesures qu’il a également évoquées lors de la conférence de ce 21 octobre. Dans un premier temps,  il propose un assouplissement des CDD courts (de moins de trois mois) en supprimant les trois niveaux de cotisations qui existent pour ce type de contrat car pour lui, cela revient à montrer aux entreprises que ce contrat est mauvais, et qu’il doit être par conséquent sanctionné. Dans un second temps, il juge utile de réhabiliter les petits temps partiels sans justification nécessaire de la part de l’employeur ou de l’employé auprès de l’URSSAF. Il faut ensuite rendre le CDD plus sûr afin que l’employeur se sente en sécurité lorsqu’il choisit ce type de contrat pour embaucher. Bien que la notion de télétravail soit évoquée comme une alternative intéressante pour les start-up et les PME, car cela permet de réduire leurs charges fixes, le Code du Travail s’applique également au télétravail. Cela signifie donc que les mesures de sécurité liées aux conditions de travail du salarié doivent être aussi appliquées mais elles sont malheureusement impossibles à respecter à la lettre en dehors de l’entreprise pour les raisons citées précédemment. Il faudrait donc affranchir une grande partie des règles liées au télétravail du Code du Travail classique. Enfin, il revient sur la notion de « prêt de main d’œuvre », évoquée également par Jean-Pascal Dussart lors du débat, qui permettait auparavant aux entreprises en sureffectif et sous-effectif de se « prêter » des salariés dans un accord mutuel. Or la loi « Cherpion » a rendu impossible ce prêt sans que l’entreprise encoure un risque potentiel. Francis Bergeron pense donc qu’il faudrait abolir cette loi et avoir la possibilité de revenir sur cette pratique.
Mr. Bergeron revient aussi durant le débat sur le contrat de génération, qui pourrait être aboli car sur les 500 000 emplois promis lors de la campagne présidentielle, seuls 33 000 ont été pourvu et les DRH avaient déjà mis ce système en place avant même la promulgation de la loi. Il a également insisté sur le fait que le recrutement dans le système français a un poids trop important sur le devenir de l’entreprise (démarches à effectuer trop importantes et manque de flexibilité).
Antoine Morgaut, CEO Europe du groupe Robert Walters quant à lui nous donne un éclairage plus global en comparaison avec deux pays d’Europe que sont l’Irlande et l’Espagne. Il a choisi ces deux pays qui ont connu tous deux une forte crise, et qui ont pu se redresser rapidement grâce à des plans d’austérité mis en place par le gouvernement qui ont été perçus en réalité comme des plans de fluidité sur lesquels ils ont reconstruit un nouveau mode de contrat social, beaucoup plus proche de la réalité et qui permet une meilleure adaptation. Cette solution de flexibilité a prouvé son efficacité sur la relance de l’emploi, avec des solutions qui s’adaptent aux contraintes de l’emploi et des candidats eux-mêmes. Leur créativité et compétitivité malgré leurs ressources moins importantes que la France ont montrés que cela était possible.
Christian Mettot a lui insisté sur le manque de souplesse et son danger potentiel pour sa branche de métier. Les salariés de celle-ci doivent absolument pouvoir bénéficier de contrats moins rigides. Le CDI tue la radio, selon Monsieur Mettot, car il ne permet pas la flexibilité nécessaire (les salariés de Radio France ne travaillant qu’une partie de l’année). Aussi, les salariés du groupe profitent de la loi pour pouvoir faire requalifier un contrat saisonnier en emploi permanent, ce qui fait preuve de la rigidité de la loi sur les contrats.
Bien qu’il paraisse compliqué de revenir sur les 35h car cela serait trop long à renégocier, les membres présents lors de la conférence semblent d’accord pour un assouplissement du code du travail. Ils souhaitent redonner du pouvoir aux membres des Ressources Humaines afin qu’ils puissent s’exprimer plus librement. Les syndicats sont d’accord sur l’existence de ce blocage du dialogue social qui est trop présent en France. Le DRH du groupe Johnson Control ajoute que des pistes d’innovation sont présentes aujourd’hui autour de nouveaux business modèles et pour qu’ils soient aboutis, ils nécessitent l’appui du gouvernement.


Article rédigé par Gabriela NENY et Edouard DUBAIL, EMLV MRH promo 2015

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